
PAPA WEMBA : La mort d’un géant
L’artiste congolais est mort dimanche 24 avril à Abidjan (Côte d’Ivoire), à l’âge de 66 ans. Bête de scène, chanteur de génie, il aura marqué des générations de fans, qui pleurent une icône.
“Pauline”, “Maguy”, “Amoureux déçu” “M.T. la vérité”, “Chouchouna”, “Amazone”, “Analengo”, “Maria Valencia”, “Ye te oh”, “Poule de la mort”… La liste est longue des chansons de Papa Wemba qui ont rythmé les cinquante dernières années de la rumba congolaise.
Artiste hors du commun, “Bokoul”, le “Fulangenge”, “Ekumani”, “Le Kuruyaka”… faisait l’objet d’un véritable culte chez ses fans du monde entier, dont nombre sont inconsolables aujourd’hui.
La fête battait alors son plein à Anoumabo, un quartier populaire d’Abidjan, où a lieu tous les ans le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), quand le pire s’est produit.
Papa Wemba, qui était l’artiste le plus attendu de la soirée, chantait son troisième air quand tout à coup le chanteur congolais s’effondre sur scène. Malgré « l’intervention des secours » sur place et l’évacuation vers un centre hospitalier, il n’a pu être sauvé.
Son vœu a été exaucé: Papa Wemba voulait mourir sur scène, à l’instar de Molière.
Alors qu’il donnait une représentation de sa dernière pièce, « Le malade imaginaire », Molière fut soudain pris d’un malaise, et mourut sur scène en pleine représentation.
UN CHANTEUR HORS PAIR
Né le 14 juin 1949 à Lubefu dans l’actuelle province du Sankuru (RDC), Shungu Wembadio Pene Kikumba (son vrai nom) était un chanteur hors pair, qui a su transcender les générations et s’adapter à son temps.
Papa Wemba a créé une école de musique, un style, une mode. Il a façonné des générations entières dans sa façon de penser, de se comporter, voire de se vêtir. Quoi que l’on puisse en penser, il a été un baobab, un géant de la musique congolaise.
De l’orchestre ” Zaïko Langa-Langa” à ” Viva La Musica”, en passant par “Isifi” et “Yoka Lokole”, Papa Wemba, avec sa voix ténor particulière (héritée de sa mère, pleureuse professionnelle), marque à jamais l’histoire de la musique congolaise, et partant africaine.
« Bakala dia kuba », le « formateur des idoles » laisse derrière lui une œuvre foisonnante, plus d’une cinquantaine d’albums réalisés entre 1970 et 2014, dont le plus récent “Maître d’école”. Pour la sortie de ce dernier, Papa Wemba avait donné une interview au quotidien “Le Potentiel”, où il expliquait avoir ressenti le besoin de revenir aux origines de la rumba congolaise.
“MERCI POUR TOUT”

Dès l’annonce de sa mort, les réactions se sont multipliées dans le monde, les réseaux sociaux saluant la mémoire d’un artiste devenu le King de la rumba congolaise.
Le rappeur français Passi a envoyé ses pensées à l’artiste congolais: «Merci pour ta voix, tes chansons, ta sympathie et pour cet héritage artistique, merci pour tout…»
Pour le chanteur Dona Mobeti, ami et collègue de Papa Wemba, « une page de l’histoire de Matongé (un quartier de Kinshasa. NDLR) s’est tournée. Lui qui me disait souvent qu’on était resté que tous les deux, comme “vieux” sur “Kanda-Kanda” (une rue de Kinshasa. NDLR), et qu’il était de notre devoir d’encadrer nos jeunes, il me laisse seul assumer cette responsabilité! Je n’arrive pas à y croire ».
« C’est incroyable, c’est triste », lâche Papa Sola Nkanza, un fan de “Zaïko Langa-Langa”, première formule, qui regrette « un artiste de talent qui vient de partir », espérant que « le gouvernement congolais prendra toutes dispositions pour que ses funérailles se passent dignement ».
Sur la toile, des nombreux fans ont comparé la nouvelle au choc provoqué jeudi 21 avril 2016 par le décès de la star américaine “Prince”.
Les artistes ne meurent jamais, dit-on. Jules Presley Shungu Wembadio restera à jamais vivant pour la postérité, par ses œuvres. Au revoir Papa Wemba.
Robert Kongo, correspondant en France
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