
Adieu EDO NGANGA !
Du 27 octobre 1933 au 07 juin 2020, tel est le parcours de ce vaillant combattant de la musique congolaise (Brazzaville) sur cette terre des vivants. Il a vécu pendant exactement quatre-vingt-sept ans et deux cent vingt-quatre jours dont près de soixante-dix années consacrées à sa passion : la musique.
En effet, EDO NGANGA né NGANGA Edouard naquit à Kinshasa jadis Léopoldville sous l’influence coloniale belge. Très jeune, il fut attiré par la musique abandonnant ainsi son métier de menuisier. Il fonda en 1954 le groupe Negro Jazz à Brazzaville. Devant enregistrer leur premier disque, l’orchestre est venu à Kinshasa en 1955 où des contacts pris par certains musiciens ont abouti à sa dislocation. Certains ont intégré certaines maisons de production phonographiques. EDO NGANGA et Célestin KOUKA sont restés libres de tout engagement. Ainsi en 1956 après le départ de l’OK JAZZ de Jean Serge ESSOU et de ROSSIGNOL pour la maison d’édition ESENGO avec l’aide de BOWANE, Franco qui cherchait une voix pouvant compenser le vide laissé par ROSSIGNOL fit recours à EDO NGANGA dans un OK JAZZ en pleine restructuration. Ainsi EDO NGANGA fut nommé administrateur du groupe. Il se fit vite remarquer par ses qualités et son tube « Aimé wa bolingo » avait été la confirmation de son immense talent. Fort de son succès, en 1959, avec ses compères brazzavilois évoluant à Kinshasa, ils décidèrent de fonder l’orchestre les Bantous de la capitale. EDO NGANGA quitte alors l’OK JAZZ et rentre à Brazzaville.
De l’autre côté de la rive du fleuve Congo, cet orchestre était l’équivalent de l’OK JAZZ. Le succès ne se fit pas attendre. Mais trois année après sa création, c’est-à-dire le 11 août 1962, avec son complice LOUBELO « De la Lune » EDO réintègre l’orchestre OK JAZZ où il vient signer d’autres succès avant son retour définitif dans Bantous de la capitale en août 1964.
Au fil des années, EDO NGANGA s’est imposé comme monument incontournable de la musique congolaise. Avec Bantous de la capitale, il a toujours porté très haut l’étendard de la culture congolaise, tant en Afrique qu’en dehors du continent. Sa disparition laisse ainsi un goût amer aux mélomanes de la bonne musique, surtout à ceux qui raffolent la bonne rumba des années fastes de la musique congolaise.
Sur le chandelier, il était resté la toute dernière flamme d’entre toutes qui avaient brillé dans les orchestres mythiques comme OK JAZZ et Bantous de la capitale. Lors de la dernière rencontre entre l’équipe d’Univers rumba congolaise et l’icône de la musique congolaise en 2019, il ne restait plus que deux témoins vivants de l’histoire de l’orchestre OK JAZZ. Juste quelques mois après disparaissait ARMANDO BRAZZOS.
Maintenant avec la mort d’EDO NGANGA, il y a comme une ombre qui couvre cette période faste de la musique congolaise des deux rives du fleuve Congo. Le dernier pont qui reliait la génération actuelle à la source vient d’être coupé. Comme l’histoire est parfois dure ! Elle laisse le temps emporter tout sur son passage ; pourvu que la mémoire collective soit épargnée car l’artiste a toujours deux dimensions : le physique et le spirituel. Quand le physique disparaît, le spirituel demeure à jamais à travers les œuvres léguées à la postérité. Paix à ton âme, monument !
Jean Claude Engbondu Lema
Correspondant Univers Rumba Congolaise au Congo RDC
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EDI-MABUNGU Gustave
Toutes mes condoléances à ce grand artiste chanteur .