
Lo Benel, qualifiée de la nouvelle égérie de la Rumba Congolaise classique

Lo-Benel : « Je suis ravie et très fière »
Invitée de la rédaction de Radio Vexin Val de Seine, la chanteuse Lo-Benel, la fille de « Marie-Louise » immortalisée dans les années 40 par le duo mythique Wendo-Bowane , a évoqué son parcours professionnel. Qualifiée de la nouvelle égérie de la rumba congolaise classique, elle est en train de s’imposer sur l’échiquier musical congolais grâce à son savoir-faire et au professionnalisme que lui reconnaît aujourd’hui ses pairs. L’album « Jusqu’au petit matin » qu’elle a mis sur le marché du disque, avec la collaboration du guitariste Dino Vangu, en est l’illustration parfaite. Un chef d’œuvre. Dotée d’une très belle voix, cette fervente admiratrice de Mbilia Bel, Lucie Eyenga et Mpongo Love, entend se hisser au firmament des grands noms de la musique congolaise moderne. Avec sincérité, passion et gentillesse, Lo-Benel a répondu aux questions de Robert Kongo, notre correspondant en France.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?
Je m’appelle Lo-Benel. Je suis une métisse d’origine française, belge et congolaise. Je suis une chanteuse professionnelle et je fais de la rumba congolaise.
Lo-Benel, est-ce votre nom ou votre petit nom ?
C’est mon nom d’artiste. Je veux vraiment distinguer ma vie privée de ma vie d’artiste. Il est hors de question que j’utilise mon nom d’Etat-civil pour la scène. Lo-Benel est un très joli nom qui me plait. En fait, c’est un résumé des prénoms de ma grand-mère paternelle, mes enfants… Cela fait partie de mon univers créatif.
Comment êtes-vous arrivée à la musique ?
C’est après ma rencontre avec le grand guitariste Congolais Dino Vangu. C’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier.
Comment l’avez-vous rencontré ?
C’est un concours de circonstance. J’étais partie diner avec une amie dans un restaurant parisien. Le hasard a fait en sorte que, le même soir, Dino Vangu et son petit groupe musical se produisaient dans cet établissement. Nous avons fait connaissance. Puis, c’était le départ d’une longue aventure pour tous les deux.
D’où tirez-vous votre si belle voix ?
C’est Dieu qui me l’a donné. Je n’ai rien fait d’extraordinaire pour l’avoir. Elle est naturelle. Mais quand j’ai décidé vraiment de faire ce métier, j’au dû suivre les cours de chant pour avoir des ajustements de la voix plus précis. Ce genre de formation ne peut être dispensé que par un professeur. Et puis, sans l’encadrement du maestro de la rumba congolaise, Dino Vangu, je n’aurai pas fait ce que je fais aujourd’hui. Il m’a appris ce métier ; il a fait de moi une chanteuse professionnelle. Je lui dois énormément.
Dino Vangu représente donc beaucoup pour vous…

Evidemment. C’est un homme d’une grande générosité et d’une grande simplicité. D’ailleurs quand je l’ai rencontré, je ne savais pas qui était-il. Par la suite, lorsque les gens m’ont dit que c’était le Johnny Halliday du Congo, j’ai eu du mal à le croire ! Mais quand nous avons fait un peu plus connaissance, je me suis rendu compte que j’ai la chance de travailler avec un génie. Et ce n’est pas peu dire. C’est un grand musicien. Je trouve qu’il n’est pas suffisamment valorisé. Je ne le dis pas parce que nous travaillons ensemble, c’est la vérité. Quand je vois des grands guitaristes comme Georges Benson qui font des grands concerts… J’aimerais qu’il en soit de même pour lui.
Comment est né l’album « jusqu’au petit matin » que vous avez mis sur le marché du disque ?
Cet album est né après ma rencontre avec Dino Vangu. Lorsqu’il s’est rendu compte que j’étais très attirée par la musique du Congo et en plus je suis dotée d’un tout petit filet de voix, qui lui paraissait intéressant, il m’a donc proposé de faire un album. Nous avons beaucoup répété ensemble, car j’étais débutante. Petit à petit, je suis rentrée dans le bain. Ainsi est né le bébé « Jusqu’au petit matin ». C’est le premier album de ma carrière de chanteuse. Je profite de l’occasion pour remercier chaleureusement tous les artistes musiciens qui ont participé à sa réalisation : Abiba et Sadrak (chanteurs), Esby Bambi (saxophoniste), Kaber (trompettiste et choriste), Komba Belo (percussionniste), Deba (kongas) et Flavien Makabi (bassiste). Ce sont d’ailleurs les mêmes artistes musiciens qui nous accompagnent, Dino Vangu et moi, sur scène. Je salue ici Jean-Pierre Ngimbi (producteur) et Cyriaque Bassoka (distributeur) qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour assurer la réussite de cet album.
Comment se porte-t-il sur le marché du disque ?
Très bien. Lorsque je m’y suis investie, je ne savais pas ce que ça allait donner. Jusqu’à présent, je n’ai reçu aucune critique négative. Pour moi, comme pour beaucoup de gens d’ailleurs, c’est une grande surprise. J’ai eu de la chance ! Dieu merci.
Dans cet album, vous revisitez les classiques de la rumba congolaise (Lucie Eyenga, Kallé Jeef, Mujos…). Vous avez su faire le compromis entre le tempo d’hier et d’aujourd’hui. Etait-ce facile pour vous ?
Non, bien entendu. Mais j’étais guidée par la passion de le réaliser et surtout par l’amour du retour aux sources. Le retour vers mes origines, c’est important pour moi. En plus, j’étais extrêmement bien encadrée par un vrai maestro de la rumba congolaise ( je continue d’ailleurs de l’être). Je n’ai donc pas vu le côté pénible du travail.
Vous avez donc appris à chanter en lingala…
Oui. C’est encore et toujours grâce à Dino Vangu.
Vous êtes la fille de « Marie-Louise » immortalisée dans les années 40 par le duo mythique Wendo-Bowane. L’interprétation de la chanson « Marie-Louise » est donc un hommage à votre mère ?
Absolument. Je venais juste de perdre Maman lorsque je me suis mise à faire cet album. J’ai voulu ainsi lui rendre hommage. En plus, « Marie-Louise » est une grande chanson, un repère dans la rumba congolaise. C’est une chanson qui n’est pas facile à interpréter, mais cela m’a paru comme une nécessité de le faire.
On vous qualifie de la nouvelle égérie de la rumba congolaise classique. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je suis très flattée. Pour une débutante, c’est quand même un grand compliment que l’on vient de me faire. Je suis ravie et très fière. En tout cas, dans la réalisation de cet album, j’avais mis tout mon sérieux et mon professionnalisme pour valoriser les grands classiques de la rumba congolaise. Je pense sincèrement avoir fait de mon mieux pour y arriver et je crois avoir réussi à atteindre cet objectif que je m’étais fixée.
Que représente votre totem « Muana N’koyi » ?
C’est tout simplement un surnom qui m’a été donné par un autre grand artiste musicien Congolais Faugus Izeidi. Cela veut dire « l’enfant léopard ». Il a vu en moi un petit léopard qui a été déraciné de son milieu naturel et qui y revient après plusieurs années.
Vous vous l’êtes appropriée ?
Bien sûr. C’est mignon, non ?
Quel est votre modèle en musique ?
A l’instar des grandes chanteuses américaines comme Ella Fitgerald ou Aretha Franklin, j ai un petit faible pour la chanteuse Congolaise Mbilia Bel, mais aussi Lucie Eyenga et Mpongo Love. Ce sont des grandes dames de la musique congolaise. J’ai beaucoup appris d’elles à travers leurs chansons.
Avez-vous un album en gestation ?
En ce moment, nous sommes dans notre atelier pour préparer justement le prochain album. Je n’en dirai pas plus parce que j’aime bien montrer les choses lorsqu’elles sont finies.
Quel est votre souhait le plus ardent ?
C’est de continuer à faire plaisir à mes supporters en leur offrant le meilleur de moi-même. Je compte aussi beaucoup voyager pour me faire connaitre auprès du public qui m’ignore encore et devenir l’ambassadrice de la rumba congolaise à travers le monde. J’aimerais pouvoir dire que finalement, la vie , ça ne déçoit pas, qu’il suffit d’y croire, et que tout est là, devant nous, sans même qu’on le voit.
Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France
Source : Le Potentiel